CONFERENCE INAUGURALE, SESSION 2022-2023, DE DAKAR SCIENCE PO: LA PREMIERE GRANDE ECOLE PANAFRICAINE DE SCIENCE POLITIQUE

De l’indépendance à nos jours, tous les pays de l’Afrique de l’Ouest se sont accommodés avec des États nés de la décolonisation, devenus, pour ainsi dire, des « États importés », arrimés à un système international qui leur était totalement étranger dont ils sont pour le moment et impuissamment dépendants.

Tous ces pays, au fil du temps, se sont peu ou prou faits assimiler par cet « Etat importé » à travers diverses adaptations adossées à des réformes caractérisées par le mimétisme institutionnel des anciennes puissances tutélaires.

Autant dire que la pesanteur de l’« État importé » a enfermé les pays de l’Afrique de l’Ouest dans un piège sans fin, à l’origine de toutes les difficultés auxquelles ils sont confrontés, dont la mauvaise gouvernance politique, économique et sociale n’en est que la conséquence extrême.

Aussi, est-il légitime, après 63 ans d’indépendance, de constater que l’« Etat importé » n’a pas répondu à toutes les attentes de la grande majorité des populations africaines , en dépit de tous les espoirs que nous autres les élites, ou les supposés comme telles, avions toujours placés en lui , contribuant à une occidentalisation ou westphalisation dont la greffe s’est toujours révélée impossible , comme nous le constatons encore aujourd’hui jusque dans les mécanismes de conservation ou de conquête du Pouvoir politique.

Nous devons donc admettre que l’« Etat importé» a échoué dans tous ses projets vitaux. Son architecture politique et institutionnelle est devenue obsolète ;

Nous devons faire preuve de sagacité et d’humilité pour reconnaitre que les États africains, sous leur forme actuelle, ne peuvent plus produire de résultats autres que ceux déjà acquis, qui puissent être à la hauteur des très grandes aspirations de leurs populations, quel que soit le génie, fut-il le plus brillant, des personnes qui les dirigent ou qui chercheraient à les diriger.

C’est pourquoi, nous pensons que le moment est venu de poser concrètement la problématique de la REFONDATION DE L’ETAT EN AFRIQUE DE

L’OUEST, la seule alternative crédible pour l’émergence d’une nouvelle forme de gouvernance à la fois centrale et territorialisée qui constituera, pour toutes les Nations les nouveaux fondements :

• D’une innovation en matière d’aménagement territorial dans tous les pays de l’Afrique de l’Ouest, qui fera émerger de robustes « Gouvernances Territorialisées » avec des exécutifs locaux qui auront au plan territorial les mêmes pouvoirs que de l’Etat central, avec des mécanismes de régulation constitutionnalisés pour les accompagner.
• De la création, dans une démarche endogène, d’une nouvelle architecture politique et Institutionnelle qui devra nécessairement intégrer à tous les niveaux, la dimension culturelle, et cultuelle, en prêtant une écoute active à nos autorités coutumières et confrériques qui sont les seuls à avoir survécu à l’entreprise coloniale d’assimilation intégrale.
• De production de richesses et de ressources nouvelles au profit de tous.
• D’une autre façon de répartir le pouvoir entre les différents acteurs, non plus à l’échelle d’un seul centre de décision, mais de tout le territoire.
• La prévention des conflits intraétatiques qui, entre autres, se sont toujours et principalement noués autour de la conquête du Pouvoir pour le contrôle des Institutions, des richesses et des ressources naturelles.

Pour mener à bien ce chantier qui est herculéen, il importe d’arriver à partager avec les populations l’idée que la politique ne doit pas être démiurge de la violence et de tensions infinies au sein des Nations ; que la politique doit plutôt être perçue comme une science, un art pour conduire les peuples vers le bonheur et la prospérité, dans la paix et la sécurité, dans une démarche non partisane, mais au service de l’intérêt général.

Il nous a donc semblé, à la lumière de tout ce qui précède, que le projet de refondation de l’Etat en Afrique de l’Ouest, quelle que puisse être sa forme, ne pourra atteindre ses objectifs qu’avec l’émergence de nouveaux acteurs politiques formés à l’art de gouverner autrement.

C’est le sens de toute la question que nous posons pour l’ouverture de notre amphi académique 2022-2023 :

NE DEVRAIT-ON PAS QUALIFIER ET PROFESSIONNALISER LES ACTEURS DE LA VIE POLITIQUE EN AFRIQUE DE L’OUEST ?

La thématique sera introduite par le Professeur Agrégé Papa Samba Ndiaye, Directeur de l’UFR de Science Politique et Juridique à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, dans un panel constitué d’éminents experts :

• Professeur Serigne Diop, Professeur des Universités Titulaire, de Classe Exceptionnelle, agrégé en Droit Public et Science Politique.
• Professeur Babacar Gueye, Professeur Titulaire des Universités de Classe Exceptionnelle, agrégé en Droit Public et Science Politique.
• Professeur Abdou Rahmane Thiam, Chef du Département de Science Politique FSJP- UCAD et Professeur Agrégé de Science Politique.
• Professeur Charles Moumouni, Professeur titulaire à l’Université Laval du Québec au Canada, Co-Président de l’institut Panafricain de Gouvernance Économique (IPAGEF), Professeur associé au CEDS de Dakar et à Dakar Science Po.

La modération sera assurée par M. DIALLO Babacar Socrate, Directeur Général du Centre d’Etudes Diplomatiques et Stratégiques (C.E.D.S) de Dakar, Président du Conseil de Gouvernance de Dakar Science Po Le Docteur AMOUSSOU sera le Maître de Cérémonie.

LE COMITE SCIENTIFIQUE DE DAKAR SCIENCE PO

CHRONOGRAMME AMPHI DE

RENTRÉE 2022-2023

Lieu : Dakar Science Po, Nord Liberté VI VDN X Route du Front de Terre  Date : Lundi 20 Mars 2023 à 15h

Dakar Science Po Nord Liberté VI VDN X Route du Front de Terre LOT N° 02- BP : 45929 TELEPHONE : (+221) 33 827 07 40 +221) 77 145 02 02 info@dakarsciencepo.com    www.dakarsciencepo.com

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