RÉTRO ÉCONOMIE 2022: Entre Inflation, flambée des prix et coût cher de la vie (Par Aly Saleh)

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L’invasion russe en Ukraine en février 2022 a impacté la dynamique inflationniste déjà mise à rude épreuve par la pandémie à coronavirus et s’est ressentie sur la sécurité alimentaire et énergétique. Les coûts de l’engrais, des céréales, des carburants, des denrées alimentaires,… ont flambée en Afrique et donc au Sénégal qui dépend presque entièrement de l’importation de ces produits. C’est pourquoi, la rétrospective Economie repose sur cette situation qui met en question l’ambition du régime en place de réaliser un taux de croissance à deux chiffres en 2023 en dépit des engagements pris au cours de cette année pour, notamment, alléger le panier de la ménagère. Une occasion, également de revenir sur d’autres faits saillants qui ont marqué l’économie du Sénégal .

L’avènement de la guerre entre l’Ukraine et la Russie au début de cette année a créé un véritable obstacle pour la croissance économique du Sénégal. Déjà, à l’ouverture du Conseil présidentiel sur la relance de l’économie sénégalaise en 2020, le président Macky Sall avait indiqué que la croissance du PIB à deux chiffres prévue en 2023 sera le résultat de la première année d’exploitation des ressources pétrolières et gazières. Mais si on se fie au rapport de la Banque mondiale sur la situation économique du pays, cette ambition affichée du président Macky Sall semble avoir des relents utopistes: « l’économie sénégalaise devrait enregistrer une croissance de 4,8 % en 2022 avant d’atteindre une moyenne annuelle de 9,2% en 2023 et 2024, grâce notamment à l’entrée en production de plusieurs gisements d’hydrocarbures », a estimé cette institution dans un rapport publié le 28 septembre 2022.

Selon l’Ansd, entre novembre 2021 et novembre 2022, les prix se sont accrus de 14%. Ce qui fait de Dakar la ville la plus chère de l’Afrique de l’Ouest d’après une enquête du Cabinet Mercer.
Mais, pour amortir l’effet de l’inflation, le chef de l’Etat a initié en début novembre dernier, des concertations avec les différents acteurs de l’économie. Au sortir de cette rencontre, 11 mesures importantes avaient été prises et avaient porté sur la baisse des prix de plusieurs denrées de première nécessité comme le riz, l’huile, le sucre, le pain, la viande, le loyer,… etc. Malgré le recrutement annoncé de 1000 contrôleurs chargés de veiller sur le respect des prix exigés et la descente du ministre du commerce sur le terrain pour traquer les récalcitrants, la baisse n’est pas effective sur le terrain.

En février dernier, les autorités avaient, déjà, annoncé une enveloppe de 50 milliards FCFA pour aider les Sénégalais à faire face à la hausse des prix alimentaires sur le marché intérieur, et là également, celà ne s’est pas fait sentir dans le panier de la ménagère.

La mise en oeuvre du programme de résilience économique et sociale qui a pour objectif de renforcer les capacités du Sénégal face à l’impact économique de la pandémie à coronavirus a permis à l’économie sénégalaise de ne pas entrer en récession, avec une croissance économique à 1,3%, mais aussi, de gérer la crise au mieux, si l’on se fie aux explications du ministre des finances et du budget, Mamadou Moustapha Ba.

Cette année, également, les députés de la quatorozième législature ont voté le budget de l’année 2023 qui a été porté à 6411 milliards FCFA.
Lors de sa déclaration de politique générale le 12 décembre dernier, le premier ministre Amadou Ba avait déclaré que le PSE a permis de renforcer le cadre macroéconomique et de réaliser des performances en termes de croissance.
Pour lui, cette nouvelle trajectoire de développement nous a valu des progrès significatifs, avec une hausse du PIB réel moyen de 5,6% sur la période 2014-2021 (et 6% avant la Covid-19) contre 3,07% sur la période 1980-2013.

En 2023, le taux de croissance du PIB est projeté à 10,1% contre 4,8% en 2022.
Au cours de cette année finissante, il y a eu beaucoup de spéculations autour des ressources naturelles notamment l’exploitation du gaz et du pétrole. Le premier ministre Amadou Ba avait annoncé, face aux députés que le projet Sangomar était à 67% de taux de réalisation et que la date du first oil est prévue à la fin de l’année 2023. Il avait également révélé que le projet GTA avait atteint un taux de progression de 83% à fin août 2022 et le first gaz est prévu au début de l’année 2024.

Le chef du gouvernement a annoncé que le Plan Sénégal Emergeant (Pse) qui est le cadre de référence des politiques de la gouvernance de Macky devrait être réécrite. La nouvelle version sera finalisée au courant du premier semestre de l’année 2023.

Toujours dans le registre des ressources naturelles, l’on rappelle que le Sénégal a intégré le cercle des pays africains producteurs et exportateurs de pétrole et de gaz, avec le démarrage de l’exploitation des champs Grand Tortue Ahmeyim (GTA), partagé avec la Mauritanie, pour le gaz et Sangomar pour le pétrole. Selon un document de programmation budgétaire et économique pluriannuelle (DPBEP), le Sénégal devrait engranger 888 milliards de francs CFA (environ 1,4 milliard d’euros) de recettes sur la période 2023-2025, réparties en 59 milliards FCFA en 2023, année de démarrage de la production, puis 327 milliards FCFA en 2024 et enfin 501 milliards FCFA en 2025.

L’année 2022, la contribution du secteur extractif a été d’un grand apport pour l’économie nationale. Selon le dernier rapport du comité local de l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE) elle a représenté 38% des exportations totales en 2021, passant de 797 milliards FCFA en 2020 à 1096 milliards FCFA l’année dernière.
En outre, precise le document, environ 7 % des recettes totales encaissées par l’Etat proviennent des mines et hydrocarbures, contre 5,66 % en 2020. Sur un total de 206,04 milliards FCFA, le secteur minier contribue largement à ces recettes avec 193,77 milliards FCFA.

En 2021, le secteur extractif a généré 223,15 milliards de FCFA de revenus.
Outre ce tableau plus ou moins reluisant de l’économie sénégalaise, lannée 2022 a aussi était marquée par des « scadales » à coût de millliards qui pourraient participer à fragiliser ce secteur déjà éprouvé par la Covid-19 et la guerre en Ukraine. Dans un article publié sur le site CCRP il est révélé, en effet que le ministère de l’environnement a signé, début 2022, un contrat d’une valeur de 77 millions de dollars pour, notamment, l’achat de fusils d’assaut, de pistolets semi-automatiques et de munitions. Le fournisseur et signataire se trouve être « Lavie Commercial Brokers », une société quasiment inconnue sur le marché, créée quelques semaines avant que l’accord ne soit conclu.

Par la suite, le rapport de la Cour des comptes a fait état d’un détournement des fonds destinés à la gestion de la Covid-19. Plusieurs personnalités de l’Etat ont été citées dans le document.
Le ministre des finances et du budget, Amadou Moustapha Ba, rappelle que le montant total de ces manquements incriminés par le rapport s’élève à 6 milliards 686 millions 784 mille 410 francs CFA, soit 0,7% des 1000 milliards injectés dans le Programme de résilience économique et sociale (Pres), exécuté en dépenses décaissables par le Trésor (628 milliards) et non décaissables (372 milliards). Se voulant rassurant, il a soutenu, lors d’une rencontre organisée la semaine dernière, que les manquements observés ne sauraient entacher ou remettre en cause les prouesses réalisées dans le cadre de la gestion de ce fonds.

Aly Saleh

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