Suspension temporaire de l’aide publique américaine – Une opportunité de réflexion stratégique
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La récente décision des États-Unis de suspendre temporairement leur aide publique étrangère pour une durée de trois mois afin d’évaluer l’impact de leurs interventions suscite de vives réactions. Certes, cette mesure peut sembler brusque et inquiétante pour les pays bénéficiaires, notamment le nôtre, mais elle soulève également des questions légitimes auxquelles nous ne pouvons rester indifférents.
Ne fermons pas les yeux sur l’apport considérable des ONG et des programmes d’aide internationale dans nos secteurs socio-éducatifs et économiques. Ces structures ont souvent pallié nos propres insuffisances lorsque nous étions dans l’incapacité de financer nos propres projets. Pourtant, devons-nous nous contenter d’être des récipiendaires passifs d’aides extérieures, sans jamais questionner leur pertinence, leur impact et notre dépendance chronique ?
Nous devons oser admettre que cette suspension temporaire, bien que contraignante, offre une occasion précieuse de nous interroger sur notre modèle de coopération. Il est impératif que nous, en tant que pays récipiendaire, engagions également une évaluation rigoureuse des interventions extérieures. Ces aides sont-elles toujours justes et nécessaires ? Doivent-elles être révisées afin de garantir une collaboration plus équilibrée et plus souveraine entre le Nord et le Sud ?
Le cas spécifique de l’arrêt d’un projet d’électrification au Sénégal, financé à hauteur de plus de 500 millions de dollars (plus de 300 milliards de francs CFA) par les États-Unis, doit nous interpeller profondément. Ce projet, aujourd’hui gelé, met en lumière notre manque de vision stratégique et notre retard dans l’exploitation des énergies naturelles, notamment en milieu rural. Une telle situation devrait nous pousser à repenser notre politique énergétique avec davantage d’ambition et de pragmatisme.
Pourquoi continuons-nous à dépendre majoritairement des énergies fossiles, alors même que nous disposons d’énormes potentialités en énergie solaire, hydraulique et éolienne ? Cette décision américaine, loin d’être un frein, doit être un électrochoc. Elle doit nous inciter à prendre des mesures audacieuses et durables pour renforcer notre autonomie énergétique. Il est temps de valoriser pleinement nos ressources renouvelables et de bâtir une souveraineté énergétique qui réduise notre vulnérabilité aux décisions extérieures.
Ainsi donc, plutôt que de subir cette suspension comme une fatalité, faisons-en un levier pour repenser notre modèle de développement, renforcer nos capacités internes et amorcer un véritable tournant vers l’autonomie. L’heure n’est plus à l’attentisme, mais à l’action concertée et stratégique.
Monsieur Momar GUEYE, jeune chercheur et activiste climatique,
Fait à Saint_Louis du Sénégal le 04 février 2025.
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