
L’ethnocentrisme de certains types de politiciens, Dieng marque son désaccord
Moi, je suis haal-pulaar, mais je ne suis rien sans les autres ethnies de ma nation. Mon « bandam», c’est l’Africain ». Faire l’apologie de l’éthnicisme, c’est manipuler un feu capable de brûler la nation toute entière. Ceux qui se livrent à de tels discours ignorent, ou feignent d’ignorer, les conséquences dévastatrices des tensions ethniques sur le tissu social et la stabilité politique de notre pays. De nombreux pays africains portent encore les blessures ou les cicatrices des guerres fratricides nées de l’animosité entre ethnies. Cette menace est une alarme que le Sénégal ne peut se permettre d’ignorer.
Quand un ancien voleur, aujourd’hui accusé de détournement de deniers publics et de blanchiment d’argent, veut recourir à cette stratégie destructrice, il faut le punir, mais sévèrement le punir. Tenter de dresser la communauté Peulh contre l’État, c’est impardonnable, pour qui que ce soit. Ce subterfuge, aussi grossier qu’irresponsable, sape les principes fondamentaux d’une justice impartiale et universelle. Un dossier judiciaire n’a ni ethnie ni région. Un dossier de justice est, avant tout, une question de respect des lois et de probité. Et il le sait. Qu’il se taise et réponde de ses actes.
Les discours ethnicistes ont été, dans bien des cas, hérités d’une stratégie coloniale visant à diviser pour mieux régner. Malheureusement, certains leaders africains ont perpétué cette logique, y compris au Sénégal, où le régime de Macky Sall a parfois essayé de provoquer des tensions régionales et ethniques pour servir ses ambitions politiques. Une telle instrumentalisation ne peut que fragiliser une nation dont la richesse est justement dans la diversité de ses communautés. Ça suffit.
Il ne faut surtout badiner avec cette question. L’État doit agir avec fermeté, rigueur et courage, pour contrer ces manœuvres de division. Toute incitation à la haine ethnique ou à la violence doit être sévèrement sanctionnée, conformément à la loi, sans distinction aucune. Des leaders politiques ou communautaires qui prônent l’ethnicisme, directement ou indirectement, sapent les fondements mêmes de la nation sénégalaise et mettent en péril des décennies de stabilité sociale. Le progrès et la paix ne les intéressent pas. Leur poche avant tout. Le Sénégal est un pays riche d’une mosaïque ethnique et culturelle qu’on ne retrouve nulle part ailleurs. Wolofs, Peulhs, Sérères, Diolas, Bambaras et tant d’autres coexistent dans une harmonie forgée par des siècles de solidarité. Cette diversité est une force. Aucun individu ou groupe ne devrait pouvoir exploiter cette diversité à des fins personnelles ou pour masquer ses turpitudes. Le Sénégal ne peut se permettre de tomber dans ce piège. L’histoire africaine est remplie d’exemples de nations brisées par ces divisions. Nous devons nous tenir vigilants et unis et la justice doit s’exercer sans complaisance. Ces discours de haine qui circulent sur les réseaux sociaux doivent être bannis, quel qu’en soit l’auteur. Construire un Sénégal prospère et stable exige que nous dépassions nos différences pour valoriser ce qui nous unit. Et ce qui nous unit, c’est la patrie. Mais la justice demeure le fondement de la prospérité. Il faut répondre seul et se taire, si on a volé seul sans se taire.
I’mDieng, écrivain africain du Sénégal
Addis Abeba, le 20 janvier 2025
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