Les chroniques de NeRa : Khary, étudiante et femme de ménage à Bouskoura : entre fatigue, espoir et courage silencieux

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À seulement 24 ans, Khary vit à Casablanca avec un rêve simple : terminer son master et décrocher un emploi digne de ses efforts. Mais derrière les cahiers et les nuits d’étude, se cache une autre réalité, plus lourde et plus discrète : celle d’une jeune femme qui, pour survivre, fait le ménage dans deux maisons — l’une à Bouskoura, l’autre à Californie.

Elle travaille un jour sur deux, alternant entre ces deux foyers. À la fin de chaque journée, elle touche 200 dirhams. De quoi payer son loyer, ses repas et une partie de ses frais universitaires. Mais à ce rythme, le corps s’épuise vite.

Le matin, elle quitte sa chambre avant l’aube, prend deux bus pour rejoindre Bouskoura ou Californie selon le jour. Le soir, elle revient les bras lourds, les pieds gonflés et la tête pleine de soucis. « Parfois, j’ai juste envie de dormir sans parler à personne », murmure-t-elle. Pourtant, chaque nuit avant de s’endormir, elle trouve la force d’appeler son père sur WhatsApp.

« Il ne faut pas qu’il sente ma fatigue », dit-elle en souriant tristement. De l’autre côté du fil, à Dakar, son père l’encourage, lui parle de patience, de fierté. Ces appels sont devenus son rituel, sa respiration. Sans eux, elle aurait déjà craqué.

Une vie sans place pour l’amour

Khary ne cache pas que sa vie amoureuse est devenue un terrain compliqué. Les rares relations qu’elle a tenté de vivre se sont brisées contre la dureté de sa réalité. « Les hommes veulent du temps, de l’attention, de la disponibilité… moi, je n’ai que la fatigue à offrir », confie-t-elle, les yeux baissés.

Entre ses études, ses ménages et ses trajets, elle n’a plus la force de rêver à l’amour. Elle dit parfois qu’elle s’est “mariée à la patience”. Une phrase qui fait sourire ses amies, mais qui cache une profonde solitude.

La main tendue de Nadia

C’est dans la villa de Madame Nadia, à Californie, que Khary trouve un peu de réconfort. Nadia a vite remarqué la discrétion et le sérieux de la jeune femme. Un jour, en la voyant chanceler de fatigue, elle lui a proposé de se reposer avant de reprendre le travail.

Peu à peu, une relation de confiance s’est installée entre elles. Nadia l’aide parfois pour ses repas, lui offre des vêtements ou lui avance de petites sommes pour ses études. « Elle me parle comme à une fille », raconte Khary avec reconnaissance. Cette bienveillance adoucit un peu la rudesse de son quotidien.

Un rêve qui tient debout

Malgré tout, Khary garde la tête haute. Elle veut terminer son master et un jour travailler dans le domaine du design ou de l’architecture d’intérieur. Chaque coup d’éponge, chaque aller-retour entre Bouskoura et Californie, chaque appel nocturne à son père est un pas vers ce rêve.

Son objectif est clair : tout faire pour décrocher son diplôme et rentrer travailler dans son pays, où elle pourra mettre son savoir-faire au service de sa communauté et offrir un meilleur avenir à sa famille.

Elle sait que la route est longue, mais elle continue. Parce qu’au fond d’elle, Khary croit encore que la dignité et le courage finissent toujours par ouvrir des portes, même à celles qui, comme elle, passent leur vie à nettoyer celles des autres.

Ceci est une histoire vraie. Khary nous a contactés pour raconter son parcours après avoir lu notre article sur le piège des centres d’appel pour les étudiants. Son témoignage rappelle que derrière chaque étudiante étrangère qui travaille dur au Maroc, il y a un rêve, une volonté de réussir et un objectif clair : décrocher son diplôme et revenir contribuer à son pays.

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