Le Ministre et la Corde

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Dans son palais de marbre et d’or,

Le ministre, grand seigneur du sort,
Parlait de justice, de droit, d’honneur,
Mais semait la peur, la nuit, l’horreur.
Dans ses mains, le glaive brillait,
Mais non pour trancher l’injustice,
Plutôt pour sceller, d’un air feutré,
Les destins jugés factices.

Et Diallo Telli, noble esprit,
Diplomate aux rêves forgés,
Par l’ombre fut pris, sans un cri,
Jeté au camp, affamé, oublié.
Ô ministre, ô juge, ô bourreau !
À force d’étouffer les voix,
Ne vois-tu pas, sur ton bureau,
Les fantômes qui rôdent sous les lois ?

Tu parlais de Guinée, de progrès,
Mais qui donc gisait sous tes pieds ?
Des lettrés, des penseurs, des frères,
Que tu livras aux ténèbres amères.
Puis vint le jour, l’heure funeste,
Où la corde changea de cou,
Et toi, ministre, dans ce même camp,
Goûtas enfin au sort des fous.

Plus d’armure, plus de pouvoir,
Seulement l’écho de tes jugements,
Quand sous la porte, du matin au soir,
Rampait la mort, lentement.
Ô Guinée, pays d’espoir,
Combien d’années faut-il encore,
Pour qu’enfin cesse cette histoire,
D’injustice et de remords ?

Le ministre est tombé, le tyran aussi,
Mais toujours l’ombre plane ici,
Car d’un bourreau à un autre, hélas,
La justice change mais ne passe.
Non, ceci n’est pas une excuse pour ton meurtrier, oncle.
Car si l’histoire bégaie, elle n’absout pas.
Les bourreaux se succèdent, changeant d’épaule la hache,
Mais le sang crie toujours, même sous la terre ingrate.

Il t’a condamné, froidement, méthodiquement,
Puis il a goûté à son propre poison,
Mais sa chute ne rachète rien,
Car la justice ne se rend pas dans une tombe.
Que valent les larmes sur le cercueil des bourreaux,
Quand leurs victimes gisent sans sépulture ?
Quand leurs noms sont chuchotés, effacés,
Sous la peur d’une autre dictature ?

Non, ceci n’est pas une excuse pour ton meurtrier, oncle.
Il a connu la faim qu’il t’a infligée,
Il a senti l’ombre qu’il projetait,
Mais il n’a pas souffert en martyr, seulement en écho.
Et pourtant, la Guinée marche toujours en cercle,
Un tyran en remplace un autre,
Chaque corde tissée devient un collier,
Chaque trône bâti une future potence.

Alors, que vaut la leçon si personne ne l’apprend ?
Si les bourreaux d’hier ont des héritiers aujourd’hui,
Si la justice est toujours un mirage,
Si la corde est un cycle et non une fin ?
Non, ceci n’est pas une excuse pour ton meurtrier, oncle.
Et pourtant, ils écriront son nom dans les livres,
Comme ils effacent le tien dans le vent.

Repose en paix Diallo Telli

Bodhewel Timbo

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