La surexploitation et le pillage de nos ressources naturelles ( Par Mamadou Lamine Biaye).

La surexploitation et le pillage de nos ressources naturelles ( Par Mamadou Lamine Biaye).

Les ressources naturelles sont des organismes, des milieux et des objets présents dans la nature, sans action humaine et qui font l’objet d’utilisation pour satisfaire les besoins des humains, animaux et végétaux.
Nous sommes immensément riches au Sénégal grâce à la générosité de la nature mais hélas, l’exploitation de nos ressources fait souvent froid au dos.

Cette chaleur qui nous accable ces jours-ci est en partie due à la dégradation de l’environnement.
La dégradation se traduit primo, par la déforestation via la coupe abusive de bois sous l’abdication parfois, des populations qui ne dénoncent pas et en complicité avec certaines autorités qui captent les retombées de ce trafic illicite. Il ne se passe pas un jour sans que nous voyions des camions traverser le sud et le sud-est du pays pour acheminer le bois en Gambie ou au port de Dakar. Il est effarant de constater que les chinois ont de manière exponentielle ravagé la forêt casamancaise, moyennant parfois des sommes forfaitaires ou des motos Jakarta qu’ils octroient aux coupeurs.

Et pourtant la constitution sénégalaise en son article 25-1 stipule que : « les ressources naturelles appartiennent au peuple. Elles sont utilisées pour l’amélioration de ses conditions de vie. L’exploitation et la gestion des ressources naturelles doivent se faire dans la transparence et de façon à générer une croissance économique, à promouvoir le bien-être de la population en général et à être écologiquement durables ».
Secundo, force est de reconnaître que les populations ne reboisent pas abondamment. Malgré l’existence des organisations environnementales, nous ne sommes pas assez sensibilisés à la régénération de la biodiversité. Martin Luther King avait raison de proférer ceci: « Si l’on m’apprenait que la fin du monde est pour demain, je planterais quand même un pommier ».

Tertio, les feux de brousses sont des fléaux récurrents indisposant la couche d’ozone et qui favorisent la canicule.
À cela s’ajoute la pollution et les déchets plastiques en corrélation avec une urbanisation outrancière.

Quant à la ressource aurifère, il est écœurant de remarquer que les sites où sont extraites les ressources font partie des zones les plus pauvres du pays. Les jeunes meurent par éboulement, contractent des pathologies à cause des produits toxiques et s’adonnent au banditisme et à la prostitution à cause de la précarité. Une projection organisée par la fondation Konrad Adenaeur, en partenariat avec oceanium, à laquelle je fus invité il y’a de cela quelques jours, m’a permis de mesurer à juste titre la bérézina de nos autorités. Des dames, pour se nourrir, se prostituent car n’étants pas capables de joindre les deux bouts. Elles sont violentées, violées et arnaquées par leurs partenaires qui sont souvent les nantis qui exploitent l’or. Le paradoxe est que les manutentionnaires de ces zones riches sont les maillons les plus pauvres de la chaîne.
L’état doit voir comment restaurer cet équilibrisme à travers la paie mais aussi le développement des villes à sous-sol riches. Il est penaud de constater que Kédougou est l’une des régions les moins avancées du pays et pourtant les mines d’or y sont extraites.

La pêche, un secteur qui emploie 600.000 personnes est à l’agonie de nos jours. Au moment où, il est interdit aux autochtones de naviguer sur nos eaux pour soit un repos biologique soit étant des zones privées, des bateaux étrangers sont admis à pêcher in extenso avec des filets non réglementés. C’est ce qui a engendré la raréfaction des espèces comme le thon et la sardine. Rappelons que l’utilisation des filets à mono-filaments ou multi-mono-filaments est interdite par l’article 30 du décret 98-498 du 10 juin 1998 qui dispose : « il est interdit d’utiliser ou de détenir à bord des embarcations de pêche
des filets maillants fabriqués à partir d’éléments mono-filaments ou multi-mono-filaments en nylons ». Et pourtant de petits poissons sont pêchés en catimini par les bateaux étrangers qui en fabriquent de la farine. Pendant ce temps nos pêcheurs s’entredéchirent sur des territoires maritimes à emblaver. La bataille rangée entre les pêcheurs de mboro et de kayar en est une parfaite illustration.
Si l’on ne prend pas garde, les nouveaux gisements d’hydrocarbures trouvés sous nos cieux seront gérés à nos dépens. Le rapport épinglant Frank Timis et le jeune frère du président Sall créèrent un tollé en 2019.
Nous devons épouser le patriotisme économique et être formés sur les métiers des hydrocarbures. Avoir les moyens d’exploiter nos ressources sans la main étrangère doit être une lutte sacerdotale de nos dirigeants car la main d’œuvre ne doit pas faire défaut.

Nous constatons de nos jours l’extraction de l’argile noire dans la région de Sédhiou plus précisément à Tabadian, dans la zone de Bambaly et à Boughary et ceci pour en faire du carreau. Cela se passe sous l’impuissance ou le détournement de certaines populations qui se voient juste bernées car des vallées pouvant emblaver la culture rizicole sont détruites. Les exploitants promettent après, le remblage des lieux d’extraction puis la construction de pistes de production ainsi que des postes de santé mais que nenni.

Il nous faut alerter dans les médias, sensibiliser via des campagnes communautaires et sanctionner les malfrats. Les journalistes contribuent massivement à la dénonciation et parfois à leurs risques et périls. L’état doit sanctionner à la hauteur des fautes commises tout en donnant le bon exemple dans la préservation de nos biens.

Mamadou Lamine Biaye
Professeur de Lettres/Anglais, Ecrivain et Responsable départemental du GP.

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